Janvier 2025 : revue mensuelle des marchés financiers et perspectives
- hledit
- 21 févr.
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Dernière mise à jour : 7 avr.
Pour sa première décision de politique monétaire cette année, la Fed a décidé de maintenir le taux des Fed Funds dans leur fourchette de 4,25 %-4,5 %, une décision unanime. Cela était largement attendu après une série de baisses de taux totalisant 100 points de base lors des trois dernières réunions. Pour la deuxième fois du cycle monétaire post-Covid, la Fed prépare les esprits à une pause prolongée. Trois principaux sujets ont été évoqués par la banque centrale : les membres du FOMC n’ont pas caché qu’ils attendent plus de visibilité sur les futures politiques de Trump (1), tout en affirmant leur confiance dans l’emploi (2) mais en restant prudents sur l’inflation (3).
Concernant le premier point, l’investiture de Trump n’a pas été la catastrophe pour le commerce mondial redoutée par certains, puisqu’il s’est abstenu de mettre ses menaces à exécution. Un soulagement de courte durée, puisque le 47e président des États-Unis a attendu les toutes dernières heures du mois pour imposer des droits de douane de 25 % sur le Mexique et le Canada et les augmenter de 10 % sur la Chine. Les premiers effets macroéconomiques pourraient apparaître dans les prochaines semaines. Cependant, pour son « Day One », Trump s’est concentré sur la signature d’une série de décrets visant à déréglementer l’économie, notamment dans les secteurs de l’énergie (exploitation du potentiel pétrolier de l'Alaska, levée des restrictions sur l’exportation de GNL) et de la technologie (abrogation du décret de Biden sur l’IA). Cette imprévisibilité du pouvoir exécutif limite la capacité de la Fed à se projeter.
Quant à la deuxième question, le marché du travail reste solide aux États-Unis et ne constitue pas une préoccupation pour l’instant. Le rapport sur l’emploi de décembre a été excellent, avec 256 000 emplois créés (contre 160 000 attendus), tandis que le taux de chômage a reculé à 4,1 % après 4,2 %. Ainsi, l’économie américaine termine bien l’année (+2,4 % du PIB trimestriel annualisé), portant la croissance annuelle à 2,8 % en 2024. Les dépenses de consommation ont une fois de plus été le moteur de l’activité américaine (+4,2 % trimestriel annualisé), tandis que les investissements en équipements ont reculé – rien d’alarmant dans un trimestre marqué par un flou exceptionnel lié à l’élection présidentielle. La seule ombre au tableau provient des enquêtes PMI, où l’indice des services de janvier a déçu (52,8 contre 56,5 attendu), bien qu’il reste en zone d’expansion. Par ailleurs, le PMI manufacturier est repassé dans le vert (50,1 contre 49,7 attendu).
La troisième question, l’inflation, est le talon d’Achille de l’économie américaine. Le pire a été évité avec un IPC en hausse de +2,9 % sur un an. La publication a été d’autant mieux accueillie que la composante sous-jacente a reculé à +3,2 % après +3,3 %. Cependant, il faudra être patient pour atteindre les 2%, la Fed l’a clairement indiqué. À l’avenir, le FOMC estime que maintenir la politique actuelle décrite comme "significativement restrictive" devrait suffire à ramener l’inflation vers la cible. Mais cela implique que les taux resteront élevés pendant un certain temps.
« La Fed marque une pause, attendant plus de désinflation et plus d’indices sur les Trumponomics. »
Dans la zone euro, la BCE a décidé de réduire ses taux directeurs de 25 points de base, ramenant le taux de dépôt de 3 % à 2,75 %. La décision a été unanime et largement anticipée. Il s’agit de la cinquième baisse dans la campagne d’assouplissement de la BCE, la quatrième consécutive. Avec cette décision, la BCE a choisi de ne pas accorder trop d’importance à l’IPC de janvier, qui a rebondi à +2,4 %, sous l’effet persistant de l’inflation des services (+4 % sur un an). En effet, la BCE considère que cette hausse de l’inflation est rétrospective, car elle reflète les augmentations de salaires passées. À l’avenir, la BCE prendra en compte d’autres indicateurs, comme son « wage tracker », qui laisse actuellement entrevoir une décélération rapide et marquée des salaires en 2025.
S’agissant de la croissance, Lagarde a estimé que la croissance de +0,7 % en 2024 après +0,4 % en 2023 pouvait être qualifiée de reprise. Mais cette embellie reste fragile. Selon la BCE, les derniers chiffres atones (0 % au quatrième trimestre 2024) sont dus à une confiance des consommateurs toujours en berne. Certes, l’emploi reste solide dans la zone euro et les revenus réels ont retrouvé leur niveau d’avant la pandémie, mais le problème réside dans l’excès massif d’épargne des consommateurs européens, s’expliquant par leur manque de perspectives. Tout cela signifie qu’une véritable reprise dans la zone euro nécessitera non seulement un assouplissement monétaire supplémentaire de la BCE, mais aussi une stabilisation politique (élections allemandes du 23 février) et plus de clarté sur le commerce mondial, menacé par Donald Trump.
Le début du rebond pourrait peut-être venir de la bonne surprise des enquêtes PMI. L’indice composite est sorti de justesse de la zone de contraction, atteignant 50,2 (contre 49,7 attendu), mettant fin à une séquence négative qui durait depuis août. L’amélioration provient essentiellement du secteur manufacturier, qui reste en contraction mais à un rythme moins marqué que les mois précédents (46,1 contre 45,3 attendu). Les chiffres du PIB et des PMI montrent clairement que la dynamique économique a été meilleure en 2024 (et débute mieux 2025) dans le sud que dans le nord de l’Europe, notamment si l’on compare la récession allemande de -0,2 % l’an dernier à la forte expansion de l’Espagne (+3,5 %).
Au Japon, la BoJ a relevé son taux directeur de 25 points de base, le portant à 0,5 %, marquant ainsi une avancée significative vers la normalisation monétaire. Les conditions domestiques montrent que l’inflation s’installe dans le paysage économique japonais. L’IPC de décembre a bondi de +2,9 % à +3,6 % (contre +3,0 % attendu). Les conditions externes ont également été favorables : les premières décisions économiques de Donald Trump ont été plutôt bien accueillies par les marchés, ouvrant une fenêtre d’opportunité que la BoJ ne pouvait ignorer. Toutefois, la banque centrale japonaise ne devrait pas procéder à d’autres hausses avant le second semestre 2025 : l’inflation reste tirée par les biens et non par les services, et les hausses de rémunérations lors des négociations salariales de printemps restent doivent encore se matérialiser.
En Chine, la croissance du PIB au quatrième trimestre 2024 a été solide, avec +1,6 % en variation trimestrielle (+5,4 % en glissement annuel), portant la croissance annuelle de 2024 à 5,0 %, exactement l’objectif officiel du PCC. L’assouplissement monétaire accéléré en place depuis septembre a permis de stabiliser l’activité économique. Une autre bonne nouvelle est venue de l’attitude initialement relativement conciliante de Trump sur les droits de douane. Cependant, ces chiffres de PIB sont flatteurs : un excédent commercial exceptionnel a gonflé les statistiques de fin d’année (Exportations : +10,7 % en glissement annuel en décembre), car de nombreux exportateurs chinois ont précipité leurs ventes avant l’investiture présidentielle aux États-Unis. La consommation ne s’est toujours pas imposée comme un moteur durable de la croissance économique (Ventes au détail : +0,1 % en variation mensuelle). De plus, l’indice PMI général du NBS chute à 50,1 contre 52,2. Plus inquiétant encore, les pressions déflationnistes restent considérables : en témoigne une inflation à peine positive de +0,1 % en glissement annuel. Les perspectives à long terme restent moroses, ainsi les rendements d’Etat stagnent près des niveaux déprimés touchés en décembre (rendement à 10 ans : 1,6 %).
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